Quand tout s'arrête - laisser place à la lumière

La Tour dans le tarot, est un signe de grands changements.

Souvent frappée par la foudre, elle se désagrège sous le choc et les vents violents. Sa structure explose, les repères se dissolvent pour laisser la place à un grand Vide.

Ce Vide, c'est le Tao, l'Essence au cœur du monde, des choses et des êtres vivants qui nous relie tous.

Tenter de résister à cette explosion de la Tour, c'est comme retenir un fleuve en crue à mains nues. Accompagner ce mouvement, se laisser traverser sans dommages, demande un alignement hors du commun avec ce qui nous soutient. Notre lumière intérieure.

Chaque jour, le temps continue de filer, les événements d'arriver à grande et à petite échelle, alors que nous nous perdons dans un quotidien qui nous enivre hors du temps et de l'espace et nous fait oublier cette lumière qui vit toujours à l'intérieur de nous.

Faut-il être touchée par la foudre pour s'en souvenir?

J'ai perdu un ami, un amant et un artiste que j'aimais.

Je cherche sa trace ces derniers jours, alors que l'usure de notre relation avait déjà creusé un fossé entre nous. La rupture, cette fois, est définitive. Il est mort au loin, en vivant ses passions : le voyage et l'écriture. Ma peine en est allégée quelque peu. Il a vécu et bien vécu ce qui donnait du sens à sa vie, jusqu'au bout.
Ces passions qui nous ont à la fois rapprochés et éloignés avec le temps.
Sa trace perdure, sensible, à l'intérieur de moi, semblable à aucune autre.

J'entends le Vide et les traces qu'il laisse dans le cœur des gens qui l'ont connu, approché, lu, de près ou de loin. Les images multiples qui s'entrechoquent dans les témoignages : l'érudition, la générosité, le talent artistique, la contribution immense au milieu de la science-fiction, l'implication environnementale et sociale, l'écriture encore et toujours, de fiction ou en histoire des sciences. Toutes ses identités se mêlent pour tenter de décrire l'homme qu'il était. Écrivain, professeur, ami, collègue, artiste, organisateur, mentor, frère, conjoint.. Franco-Ontarien, Français, Canadien...

Pour moi flotte cette certitude que maintenant, ce qui subsistera, c'est son image, sa voix, ses écrits, comme un écho de sa personne et que cela ne lui appartient plus désormais. Ce sont les autres qui vont parler de lui et le définir imparfaitement, comme je le fais maintenant. Homme de lettres, il vivra plus longtemps que bien des gens, souhaitons à ses écrits la postérité suffisante pour que ses idées perdurent et inspirent de nouvelles générations.

Alors qu'une rose passe lentement de vie à trépas dans un vase tout près de moi, je me réjouis qu'elle m'ait offert sa beauté et sa lumière le temps d'une petite éternité.

Merci pour ta lumière, Jean-Louis. Repose en paix.